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un mur à berlin
Respiro ergo sum
--> (pardon pour le barbarisme du titre)

Tout le monde s'accorde à dire que Mais oui, il faut se reposer quand on craque, parceque quand on sature, s'acharner sur son cahier ne sert à rien. C'est le genre de phrase-conseil, qui fait l'unanimité lorsqu'on la prodigue à son voisin. (même si la phrase Futain, vivement les vacances, la devance de loin dans nos discussions).
Il n'empêche que presque tout le monde, au moment où il craque, s'imagine que lui même doit pourvoir faire exception à la règle, et que s'il se concentre suffisament, il doit pouvoir raccrocher les wagons de sa motivation, et chasser cette image réccurente de sa tête. J'ai nommé, l'image du polycop' de biophysique volant dans les airs, car envoyé d'un seul grand geste jouissif et libérateur, au travers des fenêtres de la bibliothèque.

Après une laborieuse matinée, et un début d'après midi de moins en moins motivé, après avoir visé une trentaine de fois la poubelle avec mes brouillons froissés, -qui manquaient leur but 9 fois sur 10-, avoir fait successivement une pause café, une pause j'en ai marre de la biophy, et un demi milier de pauses lever de nez en l'air/observation du campus sous la pluie au delà des fenêtres de la bu/tentative de prédictons météo en regardant les nuages, l'évidence s'est imposée à moi : j'avais atteint, et depuis longtemps dépassé le point de non-retour de la motivation pour cet après midi.

J'ai rassemblé mes affaires, salué mes co-détenus -pardon- camarades, d'un je rentre chez moi, j'arrive plus à travailler ici, à demain  (parce que oui, je bosse demain dans ma "prépa", (boite privée destinée à nous aider dans la préparation du concours), comme j'ai bossé le 1er mai, comme j'ai eut des concours blancs le lundi de pâques etc.), assez lapidaire, destiné à éviter les questions, et je suis partie.

Dans le RER, lorsque le train s'est arrêté à ma station j'ai balancé un instant, puis ai décidé de ne pas descendre, me laisser bercer par le roulis, jusqu'à Paris. Tant qu'à flinguer impulsivement mon après midi de révisions, autant le faire jusqu'au bout, autant m'offrir une vraie bulle d'oxygène, et aller voir ce film dont la bande annonce m'avait séduite.

Je compulsais vaguement mon polycopié d'Ethique, la pluie glissait sur les carreaux, et je sentais à nouveau ce vide lancinant en moi, cette chape de plomb qui me donne parfois l'impression d'étouffer à petit feu.
(Parfois, je rêve de mes cours, la nuit, et je me réveille en récitant les caractéristiques des cellules de l'intestin. Croyez moi, ça frise le pénible).
Arrivée au cinéma, in extremis. Je me glisse dans la salle déjà éteinte, quelques minutes à peine avant le début du film.
Je m'enfonce dans le fauteuil, tellement plus confortable que les chaises de la bibliothèque, pose mon sac et mon poly sous mon siège, je sens ma respiration qui s'apaise. Du  coin de l'oeil, je perçois les autres spectateurs, une masse, un tout dans lequel je me fond.

Et puis le film, Broken Wings. Magnifique, et très très fort. Je pleure silencieusement, presque inconsciemment, comme j'avais pleuré sur la fin de Osama, (je m'étais autorisée deux cinémas, pendant les vacances de pâques. Vous noterez que j'ai une nette tendance pour les  films résoluments joyeux).

Je suis rentrée, flottant toujous dans mon film, avec l'impression d'être lessivée -cette saine fatigue qui suit les larmes nécessaires, et surtout la saine sensation d'avoir pensé à autre chose, de pouvoir toujours vibrer, malgré l'ettouffement du concours.

Chez moi, pile à l'heure à laquelle je serais rentrée si j'étais restée à la bibliothèque. Je n'ai rien dit à mes parents, de peur de briser cet équilibre précaire, de devoir mettre des mots sur le film, des mots qui seraient forcément imprécis et réducteurs sur une impression tellement plus vaste. Aucune envie d'en parler, pas même à celles avec qui je travaille souvent, envie de garder cette bulle pour moi.

En fait il faut se trouver des échappatoires, des buts, des actions ailleurs et en dehors du concours.
Je vais sans doute partir loin, en juillet, au Népal, pour du bénévolat. Un grand voyage pour me vider la tête, me prouver que je peux passer de mes mots à des actes, un grand voyage pour remettre en question ma petite vie protégée, gifler mon anesthésie actuelle, découvrir une autre culture, un grand voyage pour me dire qu'il y a une vie après tout ça.

Ce qui nous donne en gros, Népal - 2mois, Concours - 1 mois (enfin un peu moins).

(Pardon, c'est écrit à la va vite, mais écrire à la va vite, c'est écrire quand même, et c'est bon signe, comparé au jours où rien ne parvient à franchir la lassitude)

Ecrit par Villys, le Vendredi 7 Mai 2004, 21:41 dans la rubrique "Cercle de bonheur".

Commentaires :

Anonyme
09-12-05 à 04:29

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