Mon frère, tel le corbeau sur son arbre perché, ne se tenait plus de joie.
Mazaraffarin était venu dans son école, faire un discours, et cela avait même fait l'objet d'un sujet de trentes bonnes secondes, au journal de vingt heures. Dont cinq secondes sur lesquelles on voit l'acceuil des élèves, en costume, garde à vous, le sabre devant le visage, qu'ils improvisent martial.
A l'annonce du reportage, ma mère avait bondit sur la télécommande du magnétoscope, mais n'avait réussit, au final, qu'à bousiller la bande.
A quel point la télé et le pouvoir de l'image peuvent nous rendre pathétique, cela m'étonnera toujours.

Mazaraffarin leur a donc fait un beau discours, qui leur disait en substance C'est vous qui serez amené à diriger la Nation. Donc, mon frère, dirigeant en graine, ne se tenait plus de joie.

Le futur dirigeant de la nation n'était pas chez moi aujourd'hui. Resté à son école pour aménager le bar collectif de leur étage. Il est partit avec, sous le bras, de l'alcool de poire, triste équivalent familial de la piquette de monsieur Henry (cf Le retour à la terre), du whisky et de la vodka. Nous ne parlons pas ici de l'organisation d'une fête, mais de consommation de tous les jours. Et oui, pour moi ça fait une différence. Il s'en vantait, en riant, un peu par provoq' devant mes parents.

Moi, que les futurs dirigeants plongent dans l'alcoolisme mondain à 21 ans à peine, ou se plaisent à le faire croire, ça ne m'incite pas franchement à croire en l'avenir de la nation.
Au final, si ce sont eux qui pourront toucher les leviers et tirer les ficelles, si ce sont eux qui en auront la possibilité, ce ne sont peut être pas eux qui changeront le monde.