Ils rient, mais un peu jaune quand même.
Ils parlent de ces anciens collègues, à la retraite, qui mettent un point d'honneur à revenir hanter les réunions de fin d'années, fantômes toujours présents mais de plus en plus lointains.
Elle parle de cette collègue célibataire qui a l'air de craindre sa retraite, et elle a un petit rire qui résonne d'effroi.
Retraite, année - 1 pour mon père, et pour ma mère un peu plus.
(ouais, j'ai des parents vieux, je sais).

Ca leur fait un peu peur je crois. A ma mère en tout cas.
Elle le dissimule mal derrière ces piques qu'elle envoie à mon père. Tu sauras pas quoi faire de tes journées.
Elle me lance si t'es gériatre tu pourras nous soigner comme ça.
Je réponds pour la forme qu'elle peut toujours courir, mais que pour compenser je vais l'inscrire au club de bridge, au club scrabble et au club des randonneurs.

Ca me met mal à l'aise. C'est bizarre, on voit les gens vieillir, bien sûr, mais ça, c'est le genre de cap, de passage symbolique qui heurte en passant.
Parce que même si c'est loin d'être pour tout de suite, les échéances sont malgré tout plus palpables.

Vos ricanements n'adoucissent rien.
Mimons les autruches, tant que nous pouvons, s'il vous plaît. C'est pas pour tout de suite, pas avant un an.
 laissez moi le temps de grandir avant d'inviter vos peurs à dîner.

Bonne retraite en sucre
plie et casse sous le couteau
Monsieur René s'en va on fait un pot

Il ploie sous les accolades
grimace un sourir
une vie de boulot
dans une sacoche en cuir

(benabar)