Je suis d'un calme qui déconcerte mes parents et m'étonne moi même.

Devant le panneau j'étais fébrile, j'avais mal au ventre, je n'osais pas y aller. J'ai un peu attendu, ai traversé quelques groupes d'élève, rit en voyant un doublant me regarder l'air perplexe (je sais qu'il se disait "bon elle je lui ait parlé hier à la soirée, mais qu'ai je bien pu lui dire vu mon état ?"), mais mon rire était un peu fêlé.

Pas loin une fille s'est effondrée. Médecine c'est finit pour elle. Je l'ai retrouvée, plus tard, sur le quai de la gare, elle était avec une amie, et la tristesse qu'elle dégageait était... indescriptible. J'aime pas les concours.

Lorsque je me suis décidée à aller voir la ligne à côté de mon numéro de table, je me suis sentie vaciller, plein de scénarios catastrophe en tête ("j'ai décalé mes réponses sur la carte optique", "je me suis plantée en histo").
Bref, classement provisoire (établit par les élèves de la corpo' à partir des données de la fac, théoriquement fiable, peut être modifié si un élève parvient à faire aboutir une réclamation sur ses notes) :

quatrième.

(quoiqu'il arrive, même si les élèves du BDE ont fait une erreur de classement chez quelqu'un d'autre, je suis, disons, dans les dix premiers).

Ma mère m'a littéralement hurlé dans l'oreille (via son téléphone), j'ai bu le champagne chez une amie (également reçue). Je traverse tout ça comme anesthésiée, d'un calme olympien.
Je ne réalise absolument pas. Je suis heureuse (évidemment), mais j'ai du mal à y croire, j'ai du mal à percuter en fait.

Juste un coup au coeur, une sensation indescriptible, en entendant S me dire mais alors... tu vas être médecin... félicitations.

Je vais être médecin. Je vais être médecin. Je vais être médecin.

Faut se le répêter beaucoup pour que ça fasse son effet.

Ca commence d'ailleurs.

[et s'ils avaient fait une erreur, et que j'étais déclassée ? Et si j'avais regardé la mauvaise ligne du tableau ? Ta gueule. Tu seras médecin]

J'ai plus de mots.