Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
Soutenez le Secours populaire
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
un mur à berlin
Reviens
--> (reviens, comme une exhortation à retrouver mes esprits, restés là bas, ou comme un cri "j'veux y retourner !" un peu des deux, surement)

Dur de trouver les mots pour dire ce que j'ai trouvé là bas.

Arriver à ne pas réduire cela à de l'exotisme, même si ça peut être tentant. Je reviens avec dans les poches des miliers d'anecdotes qui me font hurler de rire (ou comment avoir un fou rire chez le photographe quand il vous présente les photos que vous avez tiré, en revoyant certaines scènes), de situations embarassantes, dépaysantes pour nous, l'abscence d'hygiène, la réserve d'eau plus qu'aléatoire.
Arriver à parler des Népalais de mon village, sans tomber dans le misérabilisme, et sans non plus tomber dans un optimise démesuré. Ils sont pauvres, mais ils sourient, quand nous travaillons ensemble à reboiser leur forêt, ou sur leurs sentiers défoncés qui se rééfondredront avec la prochaine mousson, ils sourient, nous aident, conseillent, encouragent. 
ils nous acceuillaient à bras ouvert, nous ont offert des morceaux de fruits et couverts de fleurs, lors d'une fête... et devant les milles précautions avec lesquelles ils nous confient une demi pomme, un morceau de concombre et une petite banane, nos normes, nos habitudes en prenent un coup.
Ils sourient mais ils sont pauvres. Une pauvreté qui confine à la misère
Que dire à une fille qui rêve d'être infirmière, mais qui à 13 ans enterre déjà ses rêves "nous n'avons pas les moyens" ? Quelle vie aura t elle, dans ce village perdu entre sa montagne et les rizières... La ville pas loin, avec l'école, où elle se rend, dans son uniforme impecablement lavé, où elle travaille, mais sans espoir ?

On pourrait réduire à l'exotisme, à la magnificience des paysages, à la magie des ruelles des villes, de leurs miliers de temples au détour de chaque rue, au contraste saisissant entre les villes sales, clichés de villes "tiers mondistes" et les pub pour du matériel informatique dernier cri. On pourrait s'agacer que les relations, surtout en ville, avec les gens, soient souvent parasitées par notre image d'occidental, donc forcément immensément riche... Mais comment vraiment leur en vouloir ? Et puis juste après, me reviennent en tête cet homme et sa femme, leur enfant endormi dans les bras, qui avaient fait un détour pour me raccompagner jusqu'à ma rue, dans Katmandu, avec pour seule monnaie d'échanges quelques sourires. Ne pas généraliser
On pourrait dire que c'était génial, tout bonnement génial, même si c'était dur parfois... Mais comment décrire cet infime changement, ces choses en soi plus tout à fait pareil ? Comment dire que la réalité là bas est si radicalement différente qu'elle vous rince les yeux, et creuse des brêches en vous ?

Comment expliquer que quand je ferme les yeux, je vois des rizières, de magnifiques montagnes, des villes, un peu magiques dans la brume de la mousson, les mille et unes merveilles que j'ai vues, les saris rouges se détachant sur les rizières vertes, mais que je vois aussi, ces mômes en haillons qui n'allaient pas à l'école et à qui la "mère" de la famille qui nous logeait, glissait les restes des repas, ces mômes qui pour seul jouet avaient un vieux pneu et un bâton ?

Là bas j'ai vécut, simplement vécut, des sensations brutes, et c'est dur à raconter, mon carnet de voyage est décousu... Un quelque chose est mort pendant notre dernière nuit à Katman du, qui sonnait déjà comme un adieu, avec les promesses de se revoir (évidemment), qu'on tiendra, qu'on tiendra forcément, mais est ce que ce sera pareil ?

Je ne sais pas pourquoi j'écris ce texte maintenant, alors que je suis crevée, et que c'est décousu... Un autre, bientôt peut être.

Je ne sais pas si je me suis trouvée là bas, mais un bout de moi y est toujours (en revient on jamais vraiment ?).

Et puis j'ai changé, je crois, pas forcément à cause de ça, mais au moins en partie.

[depuis pas longtemps, je suis heureuse, et je n'ai aucune envie de tout saccager, pas comme j'aurais fait avant.
Je me laisse porter. et c'est doux. Je prends le risque]


Les photos peuvent parfois tout résumer. Un éclat de rire, et un pneu. Quelques heures avant, ils mendiaient nos restes.
Mais Que deviendront ils ?
Comment peut on revenir de là bas, quand on a ces souvenirs en tête ?

Ecrit par Villys, le Mercredi 28 Juillet 2004, 01:18 dans la rubrique "Cercle de bonheur".

Commentaires :

Valaxaur
Valaxaur
28-07-04 à 02:27

Tu arrives très bien à décrire tes émotions, rassures-toi, puisque je les emmène un peu avec moi... :-)


 
pas-pareil
pas-pareil
28-07-04 à 15:27

T'as de la chance d'avoir vu tout ça.. Les gens, les paysages.. Ca doit être extraordinaire.

 
castor
castor
28-07-04 à 15:46

Poum.

C'est joli, ce que tu écris.

 
tchii
tchii
28-07-04 à 21:41

Heureuse de te savoir de retour...

Et tes sentiments tels que tu les écrits, tes mots mélangés, jetés pêle-mêle sur la toile... Ils sont toujours aussi beaux.

(et quiconque s'est déjà risqué au bout du monde à cette Rencontre loin des sentiers battus, comprendra ce que tu veux traduire...)


 
Ermith
Ermith
28-07-04 à 23:52

Et ils chantent Reshem Phiriri en riant

Ek nale banduk dui nale banduk
Mirga lai takeko
Mirga lai maile dakeko hoina
Maia lai dakeko.

Reshem phiriri
Reshem phiriri
Udera jauki danama bangyang
Reshem phiriri...


Et ils te disent Namaste en joignant les mains, tu murmures un "dele mito cha" quand tu goûtes à leur cuisine.
Et ils te disent "Deneviat" (je sais pas écrire le népalais :)) et tu réponds "shwagattam" et ils sont contents que tu leurs parles Népalais.

Et puis il y a les enfants qui portent des charges 2 fois plus grosses qu'eux, mais qui sourient quand même. Et les vieilles dames accroupies dans les carcasses de bestiaux, pour trier ce qui se mange et ce qui ne se mange pas.

Et les vendeurs ambulants de Kathmandu...

Ouais, tu racontes bien :)

 
an-droid
an-droid
01-08-04 à 13:21

La photo, elle fait penser à celle qu'ils ont mis en grand dans une de mes fnacs. "Malte" Sabine Weiss, on a regardé l'autre fois en passant.
Et puis c'est chouette, ça donnerait presque envie de faire un chantier du genre à l'égoïste que je suis. Et que ça doit être banal de te dire que t'es quelqu'un de bien.


 
ac-col-ade
ac-col-ade
17-08-04 à 18:58

merci. pour l'envie. et tout le reste.