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un mur à berlin
Côtoyer les gens bien...

Je grelottais sur le parvis de montparnasse, mon paquet de tracts à la main, dans ma blouse un peu sale et détrempée. Elle avait déjà servi la semaine précédente, on était 3500, mais on avait pas parlé de nous : Régnier était mort le matin, on enterrerai le pape le lendemain, et france info était en grêve.
Et manifestement, le timing était mauvais aujourd'hui encore : la moitié du parvis était occupé par un groupe de pêcheurs, fumigènes oranges à la main, cornes de brume et banderoles.

J'avais distribué des tracts à des gens déjà au courant, infirmières, médecins ; à des gens qui nous soutenaient par principe, et à des gens qui s'en foutaient. Alors un peu désabusée, j'ai attendu que la relève arrive, j'ai plié ma blouse dans mon sac, et je suis partie.

J'ai acheté une crêpe, juste pour me réchauffer, et je suis allée flâner dans les rayons de la fnac toute proche. J'ai survolé un bouquin d'olivier adam. J'aime vraiment ce qu'il fait, ces phrases précises et hâchées, comme un monologue intérieur, toutes en sensations. C'était poignant, et en refermant le bouquin, et en repensant à mon stage du matin, j'ai eu une violente envie de pleurer, au milieu des rayons.

Mon nouveau stage, c'était l'antithèse du précédent, un manque d'humanisme, et pour moi, une mise à distance impossible à faire avec un malade en particulier. Trop d'échos, trop de malaise, pas assez d'espoir.

Quand la couture de mon pantalon s'est mise à vibrer et que j'ai réalisé en parlant à L. que j'arrivais même plus à me réjouir, à raconter des trucs à la con, comme untel qui m'avait ramené en voiture, le matin même, ou untel qui connaissait Plin, ou à me réjouir pour elle, je me suis dit qu'il était temps de rentrer chez moi.

Dans le métro un peu morne, je regardais les stations défiler, les sièges sur les quais de je ne sais plus où étaient ridiculement espacés, pour empêcher les malheureux d'y dormir. J'avais toujours détesté ces sièges, et je les détestais encore plus à cet instant, en regardant un couple se parler à distance, chacun sur son siège, si loins.
J'ai repensé à ce que m'avait dit L. à propos de Mas, qu'elle avait revu à sa fac ; j'étais pas jalouse, c'était pas ça, mais ça me rendait un peu triste, Mas est quelqu'un de bien, et cotoyer les gens bien, ça me rend toujours un peu triste.

J'ai repensé à un passage d'un livre d'Olivier Adam, que je me murmurais depuis quelque temps,
Je suis tombé sur cette phrase, la tristesse durera toujours, Pialat débarquait dans ce foutu dîner, s'asseyait, et déballait tout. Et tout ce qu'il disait me touchait. Le moindre de ses mots me boulversait. Regarder ça me donnait envie de mourrir. La beauté m'avait toujours donné envie de mourrir, elle me plongeait dans un état de fragilité extrème, difficille à expliquer.
[de mémoire, peut être quelques inexactitudes].

Je me reconnaissais tellement dans ce passage que j'avais lu et relu la nouvelle, jusqu'à en connaître le rythme, pour m'user les yeux.

En fait c'était ça qui me troublait, Mas est quelqu'un de bien, Plin, aussi d'ailleurs. Et côtoyer les gens bien, ça me fait toujours me sentir un peu vide, un peu triste, un peu fragile.
[côtoyer les Gens Bien me donne envie de mourrir].

Ecrit par Villys, le Vendredi 15 Avril 2005, 19:34 dans la rubrique "Cercle pour rien".

Commentaires :

ElS-
ElS-
15-04-05 à 21:05

mmm

« Je suis tombé sur cette phrase : la tristesse durera toujours . Pialat débarquait dans ce foutu dîner, s'asseyait, mangeait sa charlotte et déballait tout, et tout ce qu'il disait me bouleversait, le moindre de ses mots me touchait. Regarder ça me donne envie de mourir. La beauté me donnait toujours envie de mourir, elle me plongeait dans un état de fragilité extrême difficile à expliquer.»