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un mur à berlin
Déjà vu
--> je me répète.
J'ai fini ma période de travail dans la maison de retraite.
Il n'y a pas eu de moments durs, violement durs. Je n'étais pas là le jour où un résident d'un autre étage s'est jeté par la fenêtre...
Il y a eu de bons moments. J'ai rencontré des soignants formidables et d'autres, moins. J'ai beaucoup rit avec M, un infirmier.
Ca m'a permit de m'interroger sur la relation au malade dans ce cas. L'autre aide soignante avec moi avait une attitude très maternaliste, et autoritaire, par certains côtés qui me dérangeait. Je peux me tromper, elle avait peut être raison. Mais pour moi, c'était trop. Ca me fait un peu penser au vieux débat sur le paternalisme médical.
Et la seule chose que je retienne de mes tergiversations, la seule certitude : ne jamais oublier la personne qu'ils étaient, la personne qu'ils sont, qui que ce soit. C'est horrible à dire, mais certains, on pourrait les nier en tant qu'individus, les "zapper" entièrement, et ne plus être à l'écoute. et c'est ce que certains font. Oh allez, les voeux pieux, ça me va bien, je ne sais que trop bien, que c'est tellement plus facile à dire qu'à faire, mais il faut au moins essayer, au moins l'avoir à l'esprit.

Mais ça reste infiniment triste. Peu à peu, l'habitude atténue les choses, mais il y a des choses auquelles on ne s'habitue pas. On s'habitue aux toilettes, au caca partout. On s'habitue à la violence physique de certains cas isolés, certains jours, on s'habitue même aux cris, toujours les mêmes, la détresse enfantine de certains. Mais même au bout d'un mois et demie, entendre Mme B me dire "oh puis merde qu'on nous donne une pilule et qu'on en finisse", et répondre à mon exclamation de déni et de surprise "ben quoi, vous appelez ça une vie vous ?"... Ca je ne m'y habitue pas... Et puis parfois, une famille d'un arrivé récent repart en larmes, ou bien nous explique ce qu'il ou elle était avant. Je me répète, mais c'est ça qui m'horrifie, leur perte d'eux même.

Je pars demain rejoindre mes parents pour une semaine auprès de ma grand mère et quelques cousins dans les pyrénées. Ma grand mère.. Profiter d'elle, de sa maison de famille, au coeur de l'Ariège, profiter de cela avant que ça se perde, parce que déjà, l'époque des étés les-quatorze-cousins-dans-la-piscine (gonflable, la piscine) s'efface.

En attendant j'ai passé mes jours de repos entre solitude et soirées/demi journées entre amis.
Je n'arrive toujours pas à me coucher le soir, toujours sans pouvoir définir pourquoi.
Là, assise dans le noir, à écouter mes musiques obessionelles du moment, je pense à certains qui me manquent, ou pas, mais je me sens bien.
[Bon, mais avouons que si l'entreprise de distribution de l'eau chaude décidait de rétablir la distribution au lieu de couper l'eau chaude "du premier au douze août", ça irai encore mieux, merci.]

Ecrit par Villys, le Vendredi 5 Août 2005, 00:54 dans la rubrique "Cercle de bonheur".

Commentaires :

Ermith
Ermith
14-08-05 à 21:16

Tu as vu comme des fois, les gens qui étaient devenus transparents, ils rosissent d'un seul de nos sourires ?

Moi c'est ce qui me frappe le plus dans ce boulot-là.. Le seul truc qui me comble dans mes horaires étriqués.