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un mur à berlin
Novembre en attendant
--> (un peu facile comme titre)

J'attendais à la sortie du RER, comme convenu. Les fesses qui se gelaient sur la base en béton de la grille du Luxembourg, les pieds sur celle de la barrière des escaliers, un peu recroquevillée, j'achevais les dépossédés, et j'ai eu envie de me replonger dans Eurêka Street  - c'est mon côté monomaniaque. Je repensais à la phrase qui manifestement résumait sa conception de l'écriture, une citation d'un autre auteur (mais lequel) Un livre doit être la hache qui brise la glace qui est en nous. Brisez, brisez, le coeur au bord des lèvres j'achevais ma lecture.

Et puis elle est arrivée, pas tellement changée depuis ces deux ans sans se voir et à discuter à distance. Le côté éthéré que semblent avoir beaucoup d'étudiantes en lettres plus accentué, sans doute, mais en dehors de ça c'était bien elle. Elle fait partie de mes lucioles, j'étais heureuse de la voir arriver. Heureuse de la voir intacte au sortir de ces années de prépa, heureuse de reprendre nos discussions. Heureuse de parler à quelqu'un de non-fac-de-médecinien, avec d'autres horizons, d'autres réflexions.
On a un peu tourné en rond en cherchant la salle de ciné, on a acheté nos places, sommes passées devant le bar, descendu un escalier, et été orientées vers la bonne porte (entre les deux théâtres et les deux cinés du lieu, la confusion est aisée) par les étudiants-ouvreurs... J'aime bien ces petites salles, leur ambiance et leurs défauts.
On a achevé notre soirée autour d'un libanais, on discutait ciné ou cours, voire philo (ouah l'autre elle se la pète), le temps a filé trop vite et on s'est retrouvées sans avoir compris comment devant le RER à se dire au revoir et à la prochaine.

Dans le RER je regardais le bout blanc de mes baskets, ornées de deux petits visages, souriant sur le pied droit, tirant la gueule sur le gauche, je divaguais, je repensais à F en souriant. Je me sentais bien dans ce RER douillet par rapport à la froidure extérieure, j'ai surpris le regard perplexe d'un voisin sur mes pieds et ai réprimé un fou rire. J'avais dessiné ces visages par désoeuvrement pendant un cours dénué d'intérêt mais tardif (18h-20h), et j'avais joué le reste de l'heure aux marionnettes en tendant les pieds pour les voir surgir de l'autre côté de la table. Depuis je n'avais pas eu le coeur de les enlever... Et puis, j'ai renoncé à être de celles qui sont impeccables et propres sur elles. Certaines de mes amies se tricotent des pulls sophistiqués qu'elles décorent de broches artisanales. Moi j'use mes jeans sur mes converses, je porte mes éternelles chemises sous les même pulls qui tournent en boucle, ou mes tee-shirts approximatifs et achetés en lot. La toile de ma besace s'use de façon alarmante et je suis perpétuellement obligée de trimballer la moitié de mes polys à la main. J'ai quelques hauts des grands jours, mais je cultive surtout le côté je suis étudiante et je t'emmerde, et en stage la blouse fait le moine, alors à quoi bon...
Les pronostics vont toujours bon train alors que F et moi mangeons, assistons aux cours et étudions à la Bu ensemble. On observe nos fous rires solitaires en cours ou à la bu, nos discussions, sans plus trop oser s'incruster. Apparemment tout le monde a son idée sur la question sauf nous.
On s'échange nos cds et nos livres, on parle et on rit à n'en plus pouvoir, on se taquine et on attend.

Novembre n'est pas déprimant cette année, si ce n'était ce vague pincement au fond de moi. J'ai toujours cette voix qui me dit qu'après les hauts il y a forcément des bas. L'autre jour F n'arrivait pas à trouver un voeu à adresser au cil sur sa joue, j'ai vu l'instant d'hésitation dans ses yeux et que je suis marrée ma vie est trop parfaite, que pourrai je demander ?,  et il a acquiescé en riant. Je ressens la même plénitude un peu niaise. Comprenez moi bien, mes buts ne sont pas atteints, j'ai encore plein d'envies, mais là, maintenant, tout de suite, rien ne semble manquer.. Même l'absence de certitudes avec lui ne me pèse pas. Et comme je suis tordue, ça m'angoisse un peu.

Ecrit par Villys, le Samedi 12 Novembre 2005, 17:51 dans la rubrique "Cercle de bonheur".

Commentaires :

Kohva
Kohva
13-11-05 à 20:01

C'est L. et ses longs cheveux de princesse pour petite fille?...

 
Villys
Villys
19-11-05 à 21:56

Re:

l'intiale (et les cheveux) m'a (m'ont) tout l'air de correspondre oui :)

(ou alors non)