Il neige devant ma fenêtre. Des gros flocons qui tourbillonnent, remontent, au gré des courants d'air, et semblent ne vouloir jamais vraiment se poser. Ou alors en douceur.

Je fais bureau des pleurs depuis ce matin. Il y a la copine dépressive, mais qui va pas si mal aujourd'hui, et la copine qui va finir dépressive si elle continue, et celle qui s'est faite larguer. Je console ou je reste muette devant leurs sanglots, juste être là, au bout du fil, même si c'est en silence, même si c'est des banalités.
C'est pas le moment de leur en parler, alors je garde au chaud, dans un coin du coeur, ma petite bulle égoïste. La soirée d'hier, son cadeau que j'avais bien choisi finalement, les gens que je connaissais pas qui étaient sympa, et qui m'ont mis à l'aise, et puis surtout, larvée quelque part dans l'air, la promesse d'autres soirées, d'autres choses, peut être. Dans ma voiture au retour, je chantais faux en souriant bêtement par dessus les begees. 

Je griffonne sans conviction sur une annale de M1, je recopie un cours, des activités pas trop prenantes pour mon cerveau qui vagabonde, j'écoute de la musique, je me drogue au thé au jasmin, j'avale une BD et je pleure sur Martin Eden.

Je freine pour que le coeur ne se loupe pas, pour ne pas être prise par la pesanteur, pour faire durer, il fait chaud et doux ici.

Il neige.