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un mur à berlin
A son étoile
Evidemment, commencer à feuilletter ce livre juste après avoir vu Eternal sunshine of the spotlessmind n'était pas précisément l'idée du siècle -ça a m'a achevée. Eternal... ne m'a pas donné envie d'aimer le monde entier, il m'a plongé dans cette nostalgie qui m'est si familière à laquelle je suis abonnée depuis toujours, qui est, sans doute, malgré moi, un de mes traits de caractère principaux -si ce n'est le principal, la distance ombrageuse. Cette nostalgie qu'on sent à la fin des étés, quand tout est trop mûr, quand la plénitude annonce déjà la finitude ; la légère nausée qui suit les repas de fête, ce sentiment pas si triste mais étrange quand on inaugure ses vingt ans, et qu'on a inexplicablement envie de pleurer plus que de danser.

Le livre évitait la fin, refusant de s'y attarder, (et c'est pour cela que je l'ai emprunté) mais retraçait le parcours, extrait de paroles, d'interview, décrivait les errements et les suspensions, les hésitations. Il était truffé de citations, de bribes de conversations, de chansons, pour replonger dans l'ambiance...

J'ai sans doute connu Noir Désir à la bonne époque, j'ai commencé à aimer à la bonne époque. Sans doute suis je née au bon moment, en même temps qu'eux (le groupe), à peu de chose près. Quelques années après eux, même. Ils affinaient alors que je grandissais jusqu'à être en âge de scander l'homme pressé. J'ai aimé comme tout le monde Le vent nous portera, mais je n'ai pas aimé que ça. Des visages Des figures je l'avais acheté vraisemblablement plus poussée par le savoir théorique que Noir Dez' était un groupe bien, un groupe qu'il faisait bon écouter à 16 ans, je l'ai acheté le jour de sa sortie et j'étais secrètement heureuse de voir tant d'articles de critiques qui me confirmaient mon bon goût. Je fredonnais déjà d'autres titres d'eux, mais pas tellement.
Et cet album, je l'ai écouté, je me suis arrêtée aux premières chansons, aux premières paroles évidemment, le vent nous portera, en boucle, en boucle. Et puis, et puis j'ai été voir plus loin. Des armes, et puis la voix de cantat a achevé de me faire basculer, cette voix nue sur les rimes de Ferré. Et puis j'ai écouté tout l'album en boucle, jusqu'à le savoir par coeur, jusqu'à pouvoir chanter les paroles, au moins phonétiquement (car parfois la musique que l'on entend ne correspond pas toujours aux mots écrits, même en français) dans la voiture en conduisant pour avaler les trois mille kilomètres de conduite accompagnée, sur les chemins du lycée, parmi d'autres. Le soir des victoires, je zappais de temps à autre et je suis tombée, soudain, sur cantat interpellant meissier. Je ne comprenais pratiquement rien, mais cela avait quelque chose de jouissif et d'interdit, je suis restée scotchée, à le regarder, à l'écouter, je découvrais un peu plus l'homme engagé.
Et peu à peu j'ai acheté d'autres, écouté le reste, en attendant la suite.

En même temps, je l'ai connu à la mauvaise époque, à celle ou l'on quitte la superficialité pour des liens aux artistes aux choses, plus affectifs, plus profonds, plus inextricables, (je serais bien en peine d'expliquer pourquoi mais agenda donne moi de vos dates à damner tous les boudhas du monde et la guadaloupe, s'il arrive qu'un anglais, vienne vous visiter... ces rimes me chavirent), au moment ou l'on commence à se créer ses favoris qui jalonneront une vie, des acteurs, des auteurs dont on attendra, avec un mélange indisociable d'impatience et de crainte d'être déçu, les nouvelles productions. Ainsi, j'aime Eurêka Street et son auteur audelà de toute rationnalité, je vérifie systématiquement certains rayons des librairies, je vais voir tous les films d'Ethan Hawke juste à cause de Bienvenue à Gattaca et de Before Sunset, je lis tous les larcenet, trondheim et satrapi. Je traque les expos suceptible d'exposer Soulages ou Zao Wou-Ki après être tombé en arrêt devant leurs toiles un jour que je trainais mon ennui à Beaubourg.
Mais en musique, je me sens toujours un peu orpheline de quelque chose, d'ailleurs pas qu'en musique, ailleurs, aussi, quelque part dans les zones d'absolu, d'exemplarité, d'agacement, de poésie, je ressens un manque, comme une douleur fantôme, un ce qui aurait du être.

Je feuilletais le livre à rebours à partir de cet album que je connais le mieux, les quelques photos remontaient le temps, son visage devenait plus lisse sa coupe de cheveux, sa tenue plus consensuellement rebelles, il rajeunissait, devenait plus juvénile et s'éloignait de moi, je ne sais si j'aurais été séduite par ce visage lisse, par cette trop belle gueule. Mais à le voir en cuir, appuyé en une pose convenue pour une séance photo, une des premières croyez le ou non, rien n'était déjà là. Derrière les airs de rebelle, nulle ombre dans les pupilles pour annoncer quoique ce soit, nulle violence contenue, nulle rage, rien n'est discernable, oubliez les clichés. Tranquile, les traits réguliers.

L'après propos du livre veut prédire un avenir autre que des cendres, et on a envie d'y croire.
En attendant, c'est embrouillé, mais il est là, on pense à lui, dans un coin du coeur.
Envers et contre tout.

Ecrit par Villys, le Mercredi 28 Juin 2006, 18:23 dans la rubrique "Cercle de bonheur".