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un mur à berlin
Les Mauvaises Raisons
 J'ai pris mon temps sous la douche, ici (comprenez : chez mes parents) la facture est indolore, et le bac ne déborde pas au delà de 2 cm d'eau stagnante. Chez moi, ça m'oblige à dépenser des fortunes en destop, et, parfois, à couper la douche en plein jet, pour attendre un peu. Quand c'est l'hiver, ou que l'été tarde à venir, je réalise alors que vraiment le radiateur est trop bas, je m'accroupis, pour protéger ma peau hérisée, je regarde mes ongles bleuir, et j'attends. Donc ici, j'en profite, des douches longues et brûlantes, pour lisser les pensées. J'ai en moi cet espèce de torrent de phrases ampoulées je joue avec, narratrice grandiloquente et mégalo de ma propre vie. (enfin, vous aviez remarqué)

En me savonnant mécaniquement, j'essayais de comprendre ce que je ressentais exactement, ce que j'attendais et dont j'avais peur.

La relativité des jugements humains est vertigineuse finalement. Si certaines de mes amies étaient dans ma fac, je doute que nous serions amies. Si je connaissais certains hors de ma fac, je serais sans doute amie avec eux. Je respecte, la volonté d'engagement d'A, son respect de l'autorité ; certaines de ses phrases m'étonnent, et je n'appronfondis pas. Que pense t il vraiment ? et est ce vraiment important ? St est probablement beaucoup plus con et est véridiquement moins respectueux, mais dans ses bras je m'en foutais. On ne peut pas mettre des gens dans des cases pour un geste ou une parole, tout simplifier pour mieux claquer des portes, tirer des traits et ne rien faire. Finalement ne suis je pas encore, en train de chercher une (mauvaise) excuse pour reculer ? Mais allons, assez reculé.

Par sa complémentarité avec moi, j'ai longtemps cru que F était l'idéal, pour le côté "sosie", moitié d'orange. Mais finalement... On est profondément amis, et je ne sais pas si autre chose serait faisable, justement du fait de trop de ressemblance (et du fait que je ne sois pas un homme, aussi, certes). On est pas obligé de tout aimer chez l'autre, on peut se contenter de l'aimer (ou pas). 

De toute manière j'aime les gens pour de mauvaises raisons. 
Au contact des patients, je réalise que les emmerdeurs me touchent.
Comprenez moi bien, j'apprécie vraiment les sympathiques et joviaux, ceux qui discutent avec moi, déclinent leurs antécédents sans rechigner et sans en oublier, et parfois ont la force de plaisanter. On rit, on échange quelques phrases non médicales sans trop se disperser. C'est plus simple et plus agréable pour tout le monde. Si on me donne le choix, je choisis de les interroger eux plutôt que d'autres.
Mais même s'ils m'emmerdent un peu par le surplus de boulot, j'ai une tendresse infinie pour les révoltés passifs, leur douleur qui se mue en fureurs, leurs regards noirs, leurs oublis et les bâtons qu'ils glissent plus ou moins consciemment dans mes roues (et celles de leurs externes etc). 
Ils se tricotent un cocon de colère et de déni, de révolte pour tenir tout le reste à l'écart. Ils "oublient" leur opération à coeur ouvert ("noooooon jamais été opéré", affirment ils avec aplomb), qu'ils sont traités depuis 10 ans pour du diabète, ils diluent leurs symptômes dans une multitudes de plaintes, me parlent pendant trois heures de leurs petits enfants ou d'un cor au pied alors que c'est leur foie qui fout le camp, de tchernobyl qui leur a donné le cancer du poumon (et non pas les trois paquets par jour notez bien), il nient jusqu'à l'extrème limite celle où la réalité les renvoie à la perfusion et aux draps ternes de l'ap.
Ils agacent, et pourtant ils m'émeuvent.

La dame hyponchondriaque, ceux qui râlent sur la bouffe, la télé, les lits ou leur voisins de chambre, ceux chez qui rien ne va jamais, mais rien, ou le vieux qui dit qu'il n'a rien, quand tout en lui grimace.

Ecrit par Villys, le Samedi 3 Juin 2006, 23:00 dans la rubrique "Cercle pour rien".