Finalement ya des trucs que je regrette, derrière ma façade. J'y pensais en griffonant l'énième formule de physique de l'après midi, guettant du coin de l'oeil mon portable, obstinément muet, en regrettant un instant qu'il n'y ait personne pour me demander si ça allait. Mais c'est ma faute en fait.

[sans rapport avec c't'année, mais en rapport quand même]

Yavait l'odeur de tes clopes enchaînées qui emplissait tout l'espace, tes longs doigts nerveux qui les cherchaient dans la pénombre du tableau de bord. On roulait sous les étoiles, elles scintillaient un peu, c'était la fatigue ou les larmes, je sais plus. T'avais une larme sur la joue et moi aussi, mais derrière ton auto radio trop fort, on entendait qu'un silence obstiné, qui nous restait au travers de la gorge.
On était dans la cuisine, et j'en étais à mon deuxième café, toi t'en voulais plus. Tu m'as demandé pour la deuxième fois si ça allait.
Je crois qu'à cet instant j'aurais pu m'effondrer, tu m'aurais prise dans tes bras, on aurait parlé de tout ça, tu serai pas resté seul avec ton mal être et moi avec le mien, et aujourd'hui tout serait différent.
Peut être qu'en fait ça t'aurait soulagé toi aussi, de ne pas te heurter à quelqu'un de lisse derrière ses dents serrées, peut être que t'aurais aimé que je craque, pour pouvoir craquer toi aussi, peut être que t'avais vraiment envie de m'aider. Peut être qu'en prétendant te protéger j'veux pas lui infliger ça, j'te faisais du mal. Mais j'lai pas vu, pardon, j'l'ai pas vu.

J'ai vacillé, puis j'ai repoussé ma chaise comme on claque une porte, et j'ai marmonné un ouais, enfin... Tu m'as regardée par dessus ta tasse, un instant, avant de répêter ce que tu m'avais déjà dit à l'hôpital t'as vraiment assuré, bravo, comme on murmure du réconfort à un ami qui pleure, en sachant que ce ne sont pas les mots qui comptent, enfin pas vraiment. Mais j'voulais pas pleurer, pas t'imposer ça.
J'ai serré les dents, et au final, j'ai gagné sur la larme qui pointait.
Jeu Set et Match, mais on est tous les deux perdants.

J'avais pas voulu dormir, je t'avais vu t'en aller te coucher avec un regret, mais t'étais crevé, tu l'étais déjà avant. Au matin, tu m'avais trouvée sur les marches du bâtiment, je m'usais les yeux sur l'aurore, et tu m'avais glissé ton oreiller. Y avait ton odeur, réconfortante, je m'y étais réfugiée et j'avais dormi sans un rêve, recrequovillée sur les marches.
On a pris le ptit dej' ensemble, j'avais fait mon sac et complêté celui d'A, on avait finit de ranger, tu mangeais ta brioche, je remuais mes céréales, on évitait de trop parler parce qu'hier était trop présent.

Je croisque j'aurais dû pleurer, en fait, au lieu d'attendre que le car tourne le coin de la rue.

Où c'est qu'on s'inscrit pour être humaine ?

(si vous comprennez pas faut fouiller dans les archives de l'ancien joueb)