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un mur à berlin
Retourne sur ton banc..

Retour aux amphis cette semaine.
Sensation étrange : il y a à peine quinze jours j'étais (nous étions) en stage, effleurant du doigt une partie essentielle de notre futur métier : non pas la technique d'examen, la recherche de diagnostic (c'est important aussi, mais nous l'apprendrons plus tard), mais la facette profondément humaine, le face à face avec des fragments de vie.

Le médecin, l'hôpital, et c'est d'autant plus vrai aux urgences -sauf quand les gens viennent pour "une douleur au fond du palais depuis 3 mois-, intervient à un moment crucial dans la vie des gens. Quand la souffrance pousse à aller se confier, ou quand la maladie, l'accident, leur tombe soudain dessus, et qu'avant d'avoir compris pourquoi ni comment, ils sont allongés dans un brancard du service. Certains sont méfiants, d'autres se confient à vous aveuglément, d'autres encore veulent être soignés, mais sans savoir. Dans tous les cas, c'est le même face à face avec les corps malades et désemparés, comme surpris d'être soudain exposés à la vue d'un autre. C'est le même face à face avec leurs vies en attente, avec leurs personnalités, leurs histoires propres ; qui a ses enfants qui l'attendent, qui a un parent malade, qui s'inquiète pour son travail, qui est dans une situation aux confins du tragique, qui parvient encore à prendre les choses avec philosophie, qui doit faire un voyage, qui se confie à vous pour vider un sac trop longtemps fermé, qui..
Et c'est là que l'on touche à ce qui est selon moi la fibre essentielle de cette vocation, à ce qui fait que ces métiers "delasanté" ne seront jamais comme les autres : le contact humain qu'il est impossible d'éviter, ou de biaiser, car il est impossible d'ignorer quelqu'un qui arrive face à vous, accepte de vous laisser pénêtrer dans sa vie, dans son intimité, pour vous demander de l'aide. Parce qu'il est impossible d'ignorer, ou de rester insensible à la peur de l'un, à l'humour de l'autre ; à la détresse de l'un, à la tranquile philosophie de l'autre.

Alors le retour en amphi est étrange, voire un peu déprimant. Il faut tourner la page de cette magnifique expérience qu'a été le stage, des impressions émerveillées qu'on en garde. Il faut reprendre l'habitude des strapontins en bois, des tables dont la profondeur a de toute évidence été conçue pour les stroumphs, il faut arriver à ne plus s'étonner que l'amphi soit 6 fois moins rempli que l'année précédente, redécouvrir les gens de la promo, se replonger dans les polycop'.
Et puis surtout, il faut repasser à la théorie, entendre citer en illustration d'un cours de physio' une maladie qu'avait une personne qui était venue consulter dans le service éveille en moi un sentiment ambigü : mélange d'envie d'apprendre, de froids "aaaah oui, j'en ai vu un cas" (bah c'est ça réjouis toi, pendant que tu y es), et de difficulté à faire le lien entre la froide description clinique, l'analyse des causes et des pourquoi, et le jeune homme malade, qui avait du mal à respirer, et qui riait à mes boutades, entre la maladie théorisée et son vecteur dans le réel.

Je suis bien consciente de la nécessité de distinguer la dimension humaine et la dimension clinique, de la nécessité de savoir faire la part des choses, d'arriver à se dégager au moins partiellement de la particularité du malade, de son histoire propre, de le "déshumaniser" momentanément, pour considérer sa maladie, afin de parvenir à un diagnostic. Mais comment trouver l'équilibre, soigner sans déshumaniser, aider sans se laisser envahir, sans se laisser aveugler, être efficace en restant humain, bref, comment être un bon médecin ?

[qui vivra verra...]

Ecrit par Villys, le Dimanche 10 Octobre 2004, 01:18 dans la rubrique "Cercle de bonheur".

Commentaires :

tchii
tchii
10-10-04 à 10:33

Soigner c'est apprendre a tatons...
Avancer d'un pas reculer se heurter parfois (a la douleur la souffrance la vie).
Apprendre a aimer aussi (l'humain, parce qu'il y a des rires aussi et des larmes qui touchent).

Pose toi toujours la question Villy's: ce qui fait un bon medecin c'est (entre autres) ce questionnement sur l'humain.

Biz


 
Anonyme
21-02-06 à 06:52

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