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un mur à berlin
Lucioles
--> juste quelque chose que je ne voulais pas mettre dans mon carnet de voyage.

J'attendais que les touristes degagent un peu de devant moi, afin de prendre les arcades et leur vue, derriere, le Taj Mahal au loin. "si vous attendez pour prendre la photo qu'il n'y ai personne, courage, perso ca fait un bon moment que j'attends".

Francais ? On vient de me parler Francais ! Apres plus de quinze jours de voyage seule en Inde, a essayer de comprendre (et de me faire comprendre) en Anglais, j'ai a moitie l'impression de rever.
Je me retourne avec un grand sourire, vers le jeune homme, seul lui aussi, et comme moi, Lonely sous le bras et appareil photo a la main. "Ca fait plaisir d'entendre parler francais !". De fil en aiguille on discute, d'abord du batiment qu'on visite, et dont le plan, approximatif dans le guide nous plonge dans un abime de reflexions, on se perd un peu dans le labyrinthe de petits palais et terrasses, en discutant des endroits ou on a ete en Inde, avant d'arriver ici.

On se donne rendez vous le soir, pour manger un morceau entre nous. Je suis pas sectaire du style "restons entre europeens", mais apres mes galeres a Delhi, et apres quinze jours de solitude, j'en avais besoin.

On a donc passe deux heures a discuter au dessus de nos plats, pas de nous, pas de nos vies, mais de l'Inde, de ce qu'on y avait vu, ce qu'on ressentait, la pauvrete et la beaute melangee, la societe indienne, les galeres des touristes...
Au moment de repartir, chacun vers notre hotel, on echangeait des banalites en souriant, pendant que le chauffeur de rickschaw nous harcelait en nous proposant ses services. Je crois qu'on avait ni l'un ni l'autre envie de rompre le moment, les deux heures si vites ecoulees, les rires et les discussions... On etait en equilibre, chacun attendant vaguement de l'autre qu'il prenne une initiative d'echange de mails ou de numeros, mais on a finit par se separer sur un dernier sourire.

Seule a l'arriere du rickschaw, je souriais dans la nuit, sans rien regretter, meme si cela aurait ete tellement simple tiens mon adresse mail, tu me raconteras la fin de ton voyage, je ne regrettais pas vraiment que ca se termine ainsi.
Nos conversations suivantes auraient sans doute ete banales, decevantes, une fois revenus dans nos quotidiens, si on avait tente de garder le contact.
Mais la, il est alle rejoindre quelque part dans ma tete ces quelques uns que je rencontre de temps en temps, rarement, souvent l'ete, souvent loin de chez moi, ces inconnus (ou ces meconnus), avec qui je vis des moments semblables, comme suspendus, hors du quotidien.
Avec ces gens la, les discussions sont passionantes, intimes et universelles, on s'affranchi des sujets convenus (etudes, familles), pour parler de ce qui importe vraiment, de ce qui nous touche au plus profond.
Ces gens la, souvent, je ne les revois plus, mais j'aime penser a eux, quand ca va pas.

Ce sont des gens bien, vous savez, qui m'ont, l'espace d'une discussion revele l'intelligence et l'humanite en eux. Et c'est reconfortant de savoir qu'ils existent, que de tels gens existent, tant pis si c'est loin de moi. Parfois le soir, je les imagine dans leur vie, et au milieu des horreurs du monde, c'est bon de savoir qu'il existe des gens anonymes et bien, en train de dormir, marcher, manger ou rever. Des petites lumieres dans le monde, dans mon monde. Comme des veilleuses, des lucioles qui s'affairent.

Alors, a lui, a mes lucioles, merci.

Ecrit par Villys, le Lundi 5 Septembre 2005, 11:18 dans la rubrique "Cercle de bonheur".