Joueb.com
Envie de créer un weblog ?
ViaBloga
Le nec plus ultra pour créer un site web.
Débarrassez vous de cette publicité : participez ! :O)
un mur à berlin
Pax Fugit.
Je l'ai appris d'un poste de télé un peu déréglé, nasillard. Je m'efforçais de doucher Mme M, et, allez savoir comment, j'étais bien plus trempée qu'elle. En fond sonore, ça parlait de Londres, beaucoup. En même temps, à cause des J O, on en avait tellement parlé que je ne faisais plus vraiment attention. Jusqu'à ce que le nombre de victimes provisoires ne vienne percuter mon oreille, et que je réalise enfin qu'on parlait de faits bien réels.

Je vous passe les banalités que j'ai alors ressenti, que tout un chacun a sans doute ressenti, ce mélange d'incrédulité, d'horreur et d'incompréhension. Comment un être humain peut il réussir à faire abstraction de tout ce qu'il va détruire, parvenir à oublier que dans tous les trains du monde, dans toutes les rues du monde, circulent des histoires individuelles, des récits à ciels ouverts, liés de façon intense mais invisible à d'autres, proches ou lointains ? Que ceux qui sont visés ne sont pas des cibles, mais des grand pères ou mères, des néo retraités savourant les premiers beaux jours, des grincheux trop tôt sortis du lit pour un boulot qu'ils n'aiment pas vraiment mais qui se consolent en rêvant aux vacances toutes proches, des... J'arrête là les clichés. Pour quelque chose de bien plus juste, lisez Eurêka Street, et vous trouverez un passage qui fait toucher du doigt cette horreur des vies qui s'interrompent.
Mais vous savez, ce sont toutes ces choses auxquelles on ne peut s'empêcher de penser quand on a un minimum d'empathie, d'imagination et qui rend tout cela incompréhensible. Je ne sais plus de quel auteur je tiens cette citation le mal, c'est le manque d'empathie, mais il y a des soirs où je me dis qu'il a vraiment raison.

Non, ce à quoi j'ai repensé, en dehors de ça, c'est à ce très beau traité de Kant que j'avais étudié en terminale projet de paix perpétuelle. J'avais d'ailleurs commenté un extrait d'un autre livre reprenant ces idées au bac. Et quelques mois plus tard, après Madrid, peut être, j'avais réalisé ce qui ternissait le rêve.

Ce qu'il y a de bien avec Kant, avec ce traité, c'est qu'il en arrivait à démontrer quasi mathématiquement que la paix entre Nations finirai par s'établir. Il la présentait comme un fait inéluctable, prédisant l'apparition de la Société des Nations. Et qu'il démontrait cela sans pour autant espérer que les hommes soient tous des mères thérésa ou des abbés pierre en puissance. Non. L'homme, même s'il était le pire des démons, finirai par comprendre que pour son propre intérêt la paix était préférable à la guerre, s'il voulait prospérer et survivre.
Voilà je dis peut être des bêtises, mais c'est de dont je me souviens, mon admiration pour cette formidable mécanique à optimisme.
Alors bien sûr, il y avait des objections, mais je vais pas les exposer, je ne suis pas là pour faire ta rédac à toi, terminaleux qui est tombé sur cette page en tapant les références du texte que tu as à commenter. Il y avait des objections, mais le texte n'en restait pas moins très fort, parce qu'il semblait que l'histoire lui donnait raison.
J'y croyais, vraiment. C'est mon côté indécrottable optimiste qui trouvait là une résonance idéale. Puis quand on a pas vu de vraie guerre, (les échos de conflits qui m'atteignaient avant, ne concernaient que des poudrières locales, Balkans, régions d'Afrique, qui, j'en étais persuadée, finiraient par se stabiliser), quand on voit depuis toujours l'Europe se construire, c'est presque une évidence. Projet de paix perpétuelle, moi ça m'allait, merci, c'est où qu'on signe ?
Mais j'ai l'impression qu'avec ces évènements une objection majeure émerge. Les hommes seraient amenés à faire la paix par intérêt mutuel, pour assurer la survie et le développement de leurs sociétés, leur propre survie. C'est rationnel
Le problème c'est qu'il en a oublié cette capacité de l'homme à l'irrationnel, à s'abandonner à une idéologie, qui, surtout si elle est religieuse, peut faire disparaître ce monde sous des concepts, et dynamiter cette trop belle mécanique. En effet, si je crois que la vie après la mort est mille fois mieux que celle ci, pourquoi me fatiguer à des compromis ? Le moyen d'y accéder n'est pas la négociation, n'est pas la paix, mon intérêt n'est plus la paix, et la belle mécanique du traité s'effondre.

Les temps changent, mais certains riront peut être en me lisant, peut être que chaque génération dit cela à un moment, si c'est le cas, voilà, le monde change ou j'ai grandit, je deviens une vieille conne,
Je ne crois plus à la paix perpétuelle.
Pax fugit.

(et je vais dormir).

Ecrit par Villys, le Samedi 9 Juillet 2005, 02:20 dans la rubrique "Cercle de peine".

Commentaires :

Kohva
Kohva
09-07-05 à 19:32

Les indécrottables optimistes, ce sont ceux qui partent en Inde, ou encore au Népal, avec leur sac à dos bourré d'espoirs? (Alors, à croire que ça pèse plus lourd que tout, les espoirs, tant ils ont l'air de souffrir en les portant) (Perd pas les tiens, le pessimisme va tellement mal au teint du monde)